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"Celestial Squid / Relations" — Reviewed by Clifford Allen, NYC Jazz Record

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"Celestial Squid / Relations"

Musicians: Henry Kaiser / Damon Smith

Reviewed by Clifford Allen, NYC Jazz Record


It says something about the state of what we call “jazz” and improvised/creative music that a guitarist such as Henry Kaiser can be included, rightly, along figures like Grant Green, John Abercrombie and Sonny Sharrock. After all, there are just about as many ways to improvise on an electric guitar, within or without the ‘tradition’, as there are to skin a cat or juice a steak. Based in the Bay Area, Kaiser was one of the first American musicians to encourage collaboration with European free improvisers and co-founded the Metalanguage label. But he is just as likely to point out the influence of Jerry Garcia and Bob Weir as Derek Bailey and Masayuki Takayanagi and his sphere of experience also includes scoring films and working as a deep-sea oceanographic diver. Kaiser has appeared on hundreds of recordings, from fractured open improvisations to large-group projects reimagining Miles Davis’ electric work or the late songs of Albert Ayler and Mary Maria Parks, as well as a slew of solo guitar discs. The Celestial Squid is the first meeting on record between Kaiser and English guitarist Ray Russell, a heavyweight whose trajectory moved from quixotic postbop in the ‘60s through free improvisation and a blistering take on jazz-rock in the ‘70s before taking a turn into the realms of sound library and soundtrack composition. This is the first Russell disc in quite some time to feature ‘open music’ as many would think of it, though it’s fair to argue that all of Russell’s music post- 1975 has necessarily stemmed from the world of free jazz. The ensemble is a double quintet: the two guitarists and a rhythm section consisting of drummers Weasel Walter and William Winant and bassists Damon Smith and Michael Manring and saxophonists Steve Adams, Aram Shelton, Phillip Greenlief and Josh Allen. Adams’ “Gukten Limpo” starts the set with a meaty, math-rock juggernaut, off of which glint jagged, tinny blues chugging and a horn chorale that quickly becomes knotty and ricocheting. Russell is first out of the gate with thick, redoubled lines, which, while economical, gradually increase in toothy, blistering intensity. Shelton’s alto is bright and choppy against a whirlwind of flaring cymbals and intertwined, electrified strings. Even as things unspool a little, the tune’s pounding, somewhat clunky center retains its glory. “The Enumeration (for Glenn Spearman)” begins with Kaiser’s acoustic guitar falling somewhere between Derek Bailey and William Ackerman in a gentle, dusky tone poem. Reeds, electric guitar and rhythm enter in shimmering, fleshy peals, hoarse tenor and baritone shouts emerging from gauzy ether as players pay their respects in soli and rugged, fuzzed- out dialogue. Coursing through the entirety of The Celestial Squid are the parallel lingoes of Kaiser and Russell, the former an applied encyclopedia of the guitar who nudges and defers to the salty constant inventions of a slightly older Englishman.

It should be no surprise that Kaiser and Damon Smith have a lengthy history—after all, the bassist was a stalwart figure on the Bay Area free music scene until relocating to Houston in 2010. Both are historians and practitioners who have mined the landscapes of obscure artists in the realms of European, Japanese and American creative music for inspiration and to encourage community. Relations is the second volume
of duets between the two players, following 2011’s Fan the Hammer (also on Balance Point Acoustics, Smith’s label). Kaiser sticks to the acoustic guitar (seven-string) on these eight improvisations, but the combined tonal resources of the two players are enough to scuttle any notion that Relations will be a standard set of guitar- bass duos. Between the subtonal, warped masses that Smith goads out of his 1934 upright, he slowly scrapes across the lower reaches of the instrument to create a split-tone platform for Kaiser’s resonant flecks, horizontal string-scrapes and bowing—the latter somewhere between a broken harmonica and a Bennink-ified Chinese violin. But the interplay’s the thing and, whether hacking out a series of apposite actions or interweaving romanticism, Kaiser and Smith build on a fascinating series of Relations.

BPA 015 From-To-From — Reviewed by Jean - Michel Van Schouwburg

BPA015 FromToFrom CVR BC

BPA 015 From-To-From

Musicians: Alvin Fielder/David Dove/Jason Jackson/Damon Smith

Reviewed by Jean - Michel Van Schouwburg


Souvenez – vous ! Alvin Fielder est un des batteurs qu’on a entendus dans les premiers enregistrements du futur Art Ensemble of Chicago alors qu’ils n’avaient pas encore rejoints Paris en 1969. Il y eut Phil Wilson, Robert Crowder et Alvin Fielder. Et puis seulement Don Moye. Fielder est un Néo Orléanais et c’est à l’aune de cette filiation qu’il faut apprécier le quartet de From-To-From. Il forme le moteur de l’ensemble et lui imprime une couleur et une impulsion rythmique Louisianaise typique même si les deux souffleurs, le tromboniste David Dove et le saxophoniste Jason Jackson s’envolent en toute liberté avec une bel expressionnisme Great Black Music secondé par la walking basse imperturbable de Damon Smith. C’est la belle impression qu’ils donnent dans le premier Ut. Dict., amplifiée par la fausse nonchalance soul funky du trombone, une voix originale et relativement voisine de celle de Roswell Rudd. Mais dès le début des vingt minutes de From To From, le swing du premier morceau se métamorphose dans une belle recherche de sons, d’ébauches, de commentaires, de rubato lyriques ou inquisiteurs où s’entrecroisent des lignes pleines d’une vraie richesse musicale. Le tempo démarre vers la septième minute et se décale pour soutenir le solo chaleureux du trombone. Il y a dans cette équipe un sens collectif, une joie de jouer décontractée dans une forme d’allégresse en mode mineur, une alternance sax/trombone et Jackson tire parti de l’alto, du ténor et du baryton en fonction de l’orientation de la pulsation. C’est avec surprise qu’on voit le temps défiler à l’aune de la rédaction de ce texte et c’est dire que la musique n’est point ennuyeuse. B,B,B x 6/8 est l’occasion d’ouvrir avec la contrebasse improvisant en avant et les souffleurs voletant en suspension dans l’espace. La configuration instrumentale est mouvante et en constante évolution et l’intelligence du jeu collectif fait de ce quartet un groupe gagnant, sans qu’il sacrifie à la démonstration – étalage technique, virtuosité et tempos d’enfer. Quand ils s’envoient en l’air à tout berzingue, c’est l’affaire de trois minutes créant la diversion parfaite. Le jazz, c’est l’art consommé du temps. On pense au New York Art Quartet (album ESP et Mohawk pour Fontana). Lyrisme, cohésion, équilibre, blues authentique. Une musique pareille ne se cote pas : Vous prenez ou vous laissez ! Moi, je prends tout cela à 100% : la musique du cœur et de la sensibilité !!

"BPA 016 North of Blanco" — Reviewed by Jean - Michel Van Schouwburg

BPA016 CVR BC

"BPA 016 North of Blanco"

Musicians: Jaap Blonk / Sandy Ewen / Damon Smith / Chris Cogburn

Reviewed by Jean - Michel Van Schouwburg


Jaap Blonk est un des rares vocalistes masculins proéminents de la scène improvisée au même titre que notre cher Phil Minton à tous et que le prodigieux Demetrio Stratos, trop tôt disparu (1978). Stratos avait d’ailleurs précédé Minton dans l’ordre d’apparition sur la scène internationale comme chanteur vocaliste expérimentateur de quelques années. Tous deux sont de vrais chanteurs avec des voix aux dimensions et à la texture exceptionnelles et une capacité phénoménale à déguiser leur organe d’attributs multiples et complètement incroyables. J'espère moi-même ne pas perdre mon temps en me produisant ici et là en qualité de chanteur improvisateur. Digne héritier de la tradition « poésie sonore » des Kurt Schwitters et Henri Chopin, Jaap Blonk ne se montre pas tel un chanteur, mais plutôt comme un formidable bruiteur de l’impossible. Un performance solo de Blonk est un pur moment de magie. D’excellents témoignages de ses capacités d’improvisateurs figurent dans les cd’s Improvisors (avec Michael Zerang et Mats Gustafsson/ kontrans) et First Meetings (avec Zerang et Fred Lonberg Holm /Buzz records) enregistrés en 1996, alors que le profil de la musique improvisée libre radicale se redressait à vive allure, vingt ans après l’explosion de 1976 / 77. Et donc vingt ans encore après, quoi de plus naturel de retrouver Jaap Blonk dans l’exercice difficile du quartet avec guitare électrique, contrebasse et percussions. Qu’à cela ne tienne, Sandy Even détient la clé de la réussite de l’entreprise, son approche étant bruitiste à souhait avec le dosage subtil nécessaire. En effet, on n’entend quasiment jamais une inflection issue de la pratique, même subliminale, du chant, dans le babil crypto-langagier, les borborygmes et bruits de bouche du Hollandais et l'option de la guitariste se meut dans une perspective idéale. Même quand sa plainte ondule au-dessus du pandémonium électronique guitare électrocutée et percussion enchevêtrée. La musique est en fait un bel hommage au Keith Rowe d’avant (le minimalisme). BPA avait déjà publié il y a un an un excellent duo « digital » de Sandy Ewen et Damon Smith, Background Information (BPA-1), un travail sonique qui allie une aspect brut avec la plus grande finesse. Ce North of Bianco en est son prolongement légitime. Toutes les possibilités sonores sont exploitées, le percussionniste Chris Cogburn bruissant à merveille (où est passée la batterie?), utilisant son instrument comme résonateur de manipulations d’objets et d’instruments détournés de leur fonction première et le vocaliste se moule et coule dans les interstices ou quand le silence point ou que le jeu s’aère, prend la relève du bruitage sans qu’on se dise qu’il y a une voix humaine. Une machine, un gros bourdon ou des monologues improbables à la diction infernale. Il y a un texte poétique de PascAli, le tandem de contrebassistes, dans les notes de pochette. J’aurais aimé y voir figurer une notice avec qui et quoi fait quoi, question instrumentation. Mais peut-être ainsi, le mystère est conservé. Les groupes documentés par Damon Smith sur son label BPA se suivent et ne se ressemblent guère. Et c’est une bonne raison de suivre l’évolution de ce label dédié à l’improvisation libre à 100% et sans oreillères.

Relations — Reviewed by Jean - Michel Van Schouwburg

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Relations

Musicians: Henry Kaiser / Damon Smith

Reviewed by Jean - Michel Van Schouwburg

Duo acoustique entre (ou avec) la contrebasse de Damon Smith et la guitare (1998 Monteleone Radio Flyer 7-String Guitar) d’Henry Kaiser. Smith est aussi le responsable du label BPA et celui-ci retrace ses aventures musicales dans différents contextes improvisationnels avec des improvisateurs incontournablescomme Phil Wachsmann, John Butcher, Frank Gratkowski, Wolfgang Fuchs, Birgit Uhler, la superbe chanteuse Aurora Josephson. A travers les disques BPA on aborde avec bonheur Il y a une dizaine d’années BPA avait publié un hommage d’Henry Kaiser à Derek Bailey (Domo Arigato Derek Sensei) suite à sa disparition et avec de multiples invités dont un intéressant duo Kaiser-Smith qui appelait un prolongement, voire un document. Kaiser est connu pour ses multiples appétits musicaux qui naviguent entre des croisements « musique du monde », le projet YoYo Miles avec Leo Smith (sorte de re-make des Bitches Brew et Agartha du Miles Davis électrique), un Wonderful World en solo quasi New Age, de l’improvisation radicale (l’excellent Acoustics avec Mari Kimura, Jim O’Rourke et Jim Oswald chez Victo). Dead Head assumé, il a joué des covers alternatives du Grateful Dead, mais aussi pastiché le Magic Band de Captain Beefheart. Son Wireforks en duo avec Derek Bailey m’est resté en travers de la gorge, alors que c’est un excellent guitariste et musicien engagé dans l’improvisation depuis des décennies. Bref, il a autant de cordes à son arc que sa collection de guitares est vaste. Dès la fin des années 70’s , il avait fait fort avec son album Protocol en duo avec le percussionniste Andrea Centazzo et le trompettiste Toshinori Kondo, deux artistes superlatifs qui avaient quitté la scène improvisée quelques années plus tard. Donc, pour moi, Kaiser est un musicien que j’apprécie et pour lequel je n’hésite pas à chroniquer avec plaisir un opus qui me touche comme son solo Requia dont vous trouverez une chronique dans une page de ce blog (août 2014). Mais ce n’est pas un artiste que je suis à la trace comme Veryan Weston, Paul Hubweber, Roger Turner, Charlotte Hug, Gunther Christmann etc... Alors bien sûr, avec cette approche spécifique à la guitare acoustique, plane ici l’ombre du grand Derek Bailey, celui des Domestic Pieces (Emanem 4001), d’Aida (Incus 40) et de Lace (Emanem), acoustique. Ou l’opiniâtreté radicale de John Russell, un de ses bons copains. Car dans cet enregistrement, Henry Kaiser joue avec les harmoniques, technique par excellence de Bailey et Russell. Il y a donc heureusement des moments superbes, sauvages, des trouvailles au niveau guitare et le duo fonctionne comme dans ce Garden Not A Garden où le contrebassiste frotte le plus lentement possible l’archet sur la corde grave en bloquant la vibration. Recherches, écarts, évidences, congruences, échappées, flottements. Au niveau guitare proprement dit, il faut vraiment écouter dans une excellente hi-fi, pour apprécier ce que Kaiser apporte de particulier à la lingua franca post-Bailey. Cette guitare convient-elle à cette technique qui utilise les harmoniques produites en bloquant subrepticement la vibration de la corde un bref instant au moment précis où le plectre tire la corde ?? Cela nécessite des cordes particulièrement tendues, accordées au plus juste à toutes les hauteurs et un instrument à la projection exceptionnelle. Comme on l’entend à merveille dans Annoyance is the Joke That Drives the Music, Kaiser dégringole des cascades d’accords abrupts et dissonants quand son acolyte fait grincer sa basse. Damon Smith a une tendance à se tenir légèrement en retrait comme s’il se mettait au service de la guitare. Parfois, j’ai le sentiment que la logique ou le charme fantaisiste de l’improvisation en cours se dissipe. Un peu trop posé. Ceux qui ont jamais écouté la demi-face de vinyle complètement folle de Derek Bailey et Maarten Altena dans Improvisors Symposium Pisa 80, tiendront là matière à disserter. Malgré ces remarques, Relations contient d’excellents moments et est un témoignage vivant de ce penchant qu’ont les improvisateurs d’essayer des choses dans l’espoir de créer un momentum qui captive l’attention. Et cela passe plutôt bien. Il y a des albums de Damon Smith qui sont quasiment parfaits, au sens improvisation, s’entend.

A Place Meant for Birds — Reviewed by Ken Waxman

BPA 5 Desert Sweets CVR BC

A Place Meant for Birds

Musicians: Biggi Vinkeloe / Damon Smith / Mark Weaver

Reviewed by Ken Waxman

Analogous to the often succulent vegetation that blooms in the desert’s rugged landscape, Desert Sweets is a unique trio of improvisers, who manage to cobble together a musically seamless session, despite an unconventional line-up and a geographical separation. Recorded in Albuquerque, New Mexico, the basement textures come via the tuba of local Mark Weaver who has played with such sound explorers as trombonist Michael Vlatkovich and drummer Dave Wayne in the past. Elevated substance for these seven tracks is via German alto saxophonist and flutist Biggi Vinkeloe, who has lived in Sweden for many years, working with musicians ranging from Swedish drummer Peeter Uuskyla to American electronic manipulator Chris Brown. Serving as the interlocutor between the two is Houston bassist Damon Smith, a polymath, who has recorded with everyone from drummer Weasel Walter to saxophonist John Butcher.
Not that this CD is suspended between the reductionist or clamorous extremes the last two improvisers exemplify, but like a hybrid growth that adapts to a parched environment of the southwest, Desert Sweets blooms in its own way. Drummer-less, it’s Weaver powerful but downplayed blowing which percussively propel the seven tracks. His downy intermittent textures usually reside in the growl area and are moderated and rounded. The exception is an extended passage on “Not Salt” where didjeridoo-like resounds take up space alongside Vinkeloe’s tense whistles and arco sears from Smith that could rake the soil in other circumstances.
From the start, Vinkeloe’s alto saxophone double-tonguing and righteous articulation better matches Weaver’s basso burbles and Smith’s string slaps than her trebly flute lines. However like a stage play that shifts from comedy to drama, on “Silt” the transverse instrument provides proper timbral contrast to the others’ pugnacious tones. Elsewhere the reedist’s rasping tones provide another sort of continuum. As rhythmic slaps from the bassist give tunes a communicative finality, they’re often aided by Vinkeloe’s separate high and low-pitched tremolo notes as if they were oxpecker and rhino respectively. An even more profound demonstration of her saxophone skill occurs on “Embedded in Rock”, where in her tart solo maintains equilibrium between what a melody that is reminiscent of the sentimentality of “The Anniversary Waltz” on one hand and strained crying à la “Lonely Woman” on the other. Vinkeloe impresses as she moderates both extreme to set up an accord with Smith’s formalized, almost Euopeanized string strokes.
Satisfying in its interaction, with the ad hoc trio spelled on one track by a poem recitation by Lisa Gill, the high-quality improvisations here suggest that this concert was a location for committed listeners as well as A Place Meant For Birds.
—Ken Waxman